Chers membres du club,
Bon, c’est ici que je me présente, mais avouez que si vous êtes dans ce club, vous avez probablement déjà entendu parler de moi. Si ce n’est pas le cas… ben ça s’en vient.
Moi, c’est Robert Voyer, et ça fait 50 ans que je roule. Pas en auto, non. En vélo. Vous savez, ce moyen de transport qui te donne l’impression d’être libre, mais qui te rappelle aussi, au bout de 150 km, que t’as des quadriceps et une fesse plus engourdie que l’autre.
Mon histoire commence tôt. 14 ans. YMCA de la rue Stanley. Déjà là, je me tapais un entraînement dans un monde de gars qui ressemblaient plus à des lutteurs qu’à des cyclistes. Un beau jour, je vois une course de vélo, la Classique Cornelli. Là, révélation : « OK, moi, c’est ça que je veux faire. » Pas juste parce que les vélos allaient vite, mais aussi parce que les cyclistes avaient des kits tellement tight qu’on aurait dit des super-héros italiens. Mon père embarque dans le trip et nous achète trois vélos Garlatti à mes sœurs et moi. Je savais que j’étais parti pour quelque chose de gros.
1974. Je commence déjà à organiser des courses de vélo dans mon quartier, comme si j’étais le patron du Tour de France. Chaque dimanche, j’entraînais mes amis loin de Montréal. À l’époque, rouler longtemps, c’était plus un délire qu’un sport. Aujourd’hui, t’appelles ça une sortie Strava, pis tu mets des photos de ta bouffe après.
1979. Je range mon vélo et je pars dans l’Ouest canadien avec Katimavik. Pendant cinq ans, je bosse au Yukon, en Alberta, en Saskatchewan, à Winnipeg… Oui, Winnipeg. Vous pouvez rire, mais honnêtement, y’avait des beaux moments là-bas. Après cette aventure, je reviens à Montréal, je ressors mon vélo et je décide d’essayer la piste au vélodrome. Trois ans à tourner en rond, mais avec style, entraîné par le grand Éric Van den Eynde.
Après ça, place aux grands défis : Montréal-New York en 4 jours, Montréal-Québec en un jour, puis, en 1991, San Francisco-Montréal en 22 jours avec mon chum Maurice. Ça, c’est le genre de trip où tu finis avec des jambes en béton et une histoire que tu racontes à chaque souper de famille.
Puis je me dis : « OK, il faut que je fasse quelque chose avec tout ça. » En 1987, j’invente le Sac-o-vélo (ouais, c’est moi !) et l’équipe canadienne l’utilise aux Jeux de Séoul. En 1992, j’ouvre Cycle Pop. En 1999, je pousse encore plus loin et je lance le premier centre de spinning dans une boutique de vélo.
Mais ce qui me rend le plus fier, c’est en 2004 : je crée le CCCP. Un club où le vélo rime avec plaisir, camaraderie et bonne bouffe. On part à 28 membres, on grimpe à 300 en 2010. Et croyez-moi, ce club, c’est pas juste des sorties. C’est une expérience.
Après 14 ans en tête de peloton, en 2017, je laisse ma place. En 2019, je quitte le club officiellement, un peu tanné que le vélo soit devenu une affaire de stats et de gadgets. Mais même si je roule moins, je suis toujours là, au Club House, ouvert en 2015, pour vous accueillir après vos rides et vous cuisiner un bon repas.
En terminant, merci aux bénévoles, aux chefs de peloton, au CA et à tous ceux qui font de ce club un endroit unique. Profitez de votre saison, amusez-vous, souffrez un peu, mais surtout, ayez du fun !
Robert Voyer